2015/06/24
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Le Conseil économique social et environnemental (CESE) et France Stratégie propose 10 nouveaux indicateurs pour mieux prendre en compte les dimensions du développement économique, sociale et environnementale.

Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie
En finir avec la dictature du PIB tout puissant. France Stratégie et le Conseil économique, social et environnemental (CESE) proposent un tableau de bord 10 nouveaux indicateurs à côté du PIB afin d’explorer les domaines oubliés par la mesure reine. Les indicateurs proposés couvrent trois grands champs : l’économie, le social et l’environnement. Pour Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie, l’objectif de ces nouveaux indicateurs est simple : "permettre aux citoyens de juger de la capacité des gouvernants. " Jean-Paul Delevoye, président du CESE, ajoute qu’ils doivent permettre à un "Etat moderne de se doter d'indicateurs rapidement accessibles dans le temps et à la hauteur des enjeux pour prendre des décisions politiques."
PAS DE TAUX DE CHÔMAGE, MAIS UN TAUX D'EMPLOI
La proposition s'articule sur le choix de mesures qui remontent rarement en tête des préoccupations de l'exécutif (comme le taux de recyclage des déchets) ou la révision de celles qui sont classiquement utilisées. Ainsi en lieu et place du taux de chômage, qui rythme chaque mois le calendrier de François Rebsamen, les deux instances proposent le taux d’emploi. Un changement loin d’être cosmétique pour Vincent Aussilloux, directeur du Département Economie-Finance de France Stratégie. "Le taux d’emploi de la population active tient compte des personnes qui auraient éventuellement arrêtées de chercher un emploi par découragement." De même la dette d’un pays ne serait plus seulement constituée des créances d’un Etat mais prendrait en compte selon l’économiste « l’ensemble des dettes des agents économiques non financiers (Etat, entreprises et ménages) ».
LA SANTÉ
L’espérance de vie, souvent utilisée pour mesurer le niveau de développement d’un pays, serait remplacée par celui de "l’espérance de vie en bonne santé". Un indicateur plus subjectif serait développé sur la "satisfaction à l’égard de la vie" afin de rendre compte de la qualité de vie en société et du vivre ensemble.
La plupart des indicateurs permettront de comparer les performances nationales au regard des résultats d’autres pays. Ce tableau de bord élaboré conjointement doit être annexé par le gouvernement au prochain projet de loi de finances.
Souhaitons-lui un meilleur sort que le rapport commandé par Nicolas Sarkozy en 2009 alors président de la République sur la "mesure des performances économiques et du progrès social".Les 12 recommandations alors proposées par les économistes Joseph Stiglitz, Jean-Paul Fitoussi et Amartya Sen étaient restées lettre morte.
Le Bhoutan a lui eu le courage politique de devenir le seul pays du monde à avoir abandonné le PIB pour le Bonheur national brut (BNB). Le royaume l’avait adopté en 1972 afin de donner la priorité au bien-être sur la croissance économique.Depuis 2013, son premier ministre a émis quelques doutes sur l'utilisation "abusive [du concept] qui a détourné des problèmes réels" du pays. En France , il semble encore y avoir quelques marges.
